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Le parcours de l’Éthiopie vers l’électrification complète est marqué par des ambitions impressionnantes, mais comporte également des conséquences inattendues. En tant que pays ayant déjà un mix énergétique renouvelable de 96,2 %, l’Éthiopie vise à améliorer l’accès à l’électricité pour sa population, où seulement 44 % des habitants avaient accès à l’électricité en 2017. Ce processus d’électrification rapide engendre des défis significatifs, notamment en matière de gouvernance, d’infrastructure, de durabilité environnementale et de justice sociale.
La gouvernance et la gestion des ressources énergétiques
L’un des impacts les plus notables de cette transition est le besoin urgent d’un cadre de gouvernance robuste pour gérer les ressources énergétiques. L’Éthiopie, qui met en œuvre de grands projets hydrauliques comme le Grand Barrage de la Renaissance, fait face à des défis de coordination entre ses différentes agences gouvernementales. La création de l’Ethiopian Electric Agency, bien qu’initialement perçue comme un catalyseur pour l’efficacité, a révélé des fissures dans la communication et la gestion des projets. Cette dépendance à une seule entité décisionnelle pourrait entraîner des investissements insuffisants dans d’autres formes d’énergie renouvelable, telles que l’éolien et le solaire, essentiels pour équilibrer le mix énergétique.
Les conséquences sur les infrastructures et les communautés locales
Les efforts pour électrifier la nation se heurtent également à des problèmes d’infrastructure. Les dommages causés par la guerre civile ont requièrent une réhabilitation significative des réseaux électriques déjà en place. La destruction d’infrastructures essentielles non seulement fragilise la capacité à fournir l’électricité, mais crée également des tensions sociales. Les communautés locales, souvent exclues des décisions concernant la construction de nouveaux sites ou barrages, ressentent un sentiment d’injustice lorsque leur accès à l’électricité est comparativement limité.
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Les enjeux environnementaux inattendus
Autre effet secondaire de la transition vers une électrification totale : la soutenabilité environnementale. Bien que l’Éthiopie s’oriente vers des sources d’énergie renouvelables, les conséquences écologiques des grands barrages sont préoccupantes. Par exemple, la construction du Grand Barrage de la Renaissance a engendré des compensations environnementales que le gouvernement peine à réaliser. Les impacts sur la biodiversité, ainsi que sur les écosystèmes fluviaux, sont réels et nécessitent des études plus approfondies afin d’éviter des dégradations irréversibles.
Les inégalités sociales exacerbées
La transition rapide vers l’électricité peut également accentuer les inégalités sociales. Alors que le gouvernement travaille à résoudre les besoins en électrification des zones urbaines, les zones rurales continuent d’être laissées pour compte. Cela crée un déséquilibre d’accès à l’énergie, amplifiant les tensions entre les communautés qui bénéficient des ressources électriques et celles qui en sont exclues. Les projets de grande envergure, comme le développement de véhicules électriques dans un pays où moins de la moitié de la population a accès à l’électricité, soulèvent des questions sur l’équité des investissements.
La dépendance vis-à-vis des financements étrangers
Un autre effet inattendu de cette transition est la dépendance accrue de l’Éthiopie aux financements étrangers. Le soutien financier international, notamment en provenance de la Chine, est crucial pour réaliser les projets d’infrastructures. Cependant, cette dépendance expose le pays à des fluctuations de la politique internationale et à des exigences de remboursement qui pourraient déstabiliser l’économie sur le long terme. En parallèle, ces relations peuvent engendrer des tensions géopolitiques, car d’autres pays de la région pourraient être réticents à l’influence croissante de la Chine dans le secteur énergétique éthiopien.
Un modèle pour l’Afrique ou un avertissement ?
À mesure que l’Éthiopie avance dans sa quête d’une transition énergétique complète, elle pourrait être perçue comme un modèle pour d’autres pays africains. Toutefois, il est impératif d’étudier ces impacts inattendus afin d’éviter la répétition des mêmes erreurs ailleurs sur le continent. La nécessité d’une planification stratégique et inclusive devient de plus en plus évidente pour garantir que cette électricité nouvellement accessible bénéficie à toutes les couches de la société. Plutôt que de se concentrer uniquement sur l’accroissement des capacités de production d’électricité, l’Éthiopie doit également se pencher sur des systèmes qui favorisent une distribution équitable et durable.
De plus, la nécessité de diversifier le mix énergétique est indiscutable. Alors que le pays reste fermement ancré dans l’hydroélectricité, l’incorporation d’autres sources d’énergie renouvelables et de solutions hors réseau devrait être prioritaire afin de s’assurer que les populations isolées ne soient pas laissées en arrière. Dans cette optique, l’intérêt d’encourager l’innovation technologique joue un rôle clé, notamment dans les domaines solaires et éoliens.
La transition énergétique en Éthiopie est sans doute un sujet sensible et complexe qui doit être abordé avec une approche holistique. Les implications de chaque décision ne doivent pas être sous-estimées, et un dialogue ouvert entre le gouvernement, les investisseurs et les communautés locales est essentiel pour tracer une voie durable vers l’électrification totale.